L'oiseau bleu se fait attendre

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CHASSE A LA PALOMBE. --Les filets de Naphal à Ordiarp fonctionnent à nouveau cette année

« Gorda! » ( « Cachez-vous!"). Le cri tant attendu retentit enfin mercredi matin à Naphal. Dans les postes les plus éloignés, les vigies ont déjà fait sonner leur cor. Le coup de sifflet de la cabane d'Abata Mehia signale qu'un vol de palombes est bien engagé dans le couloir taillé à même la forêt d'Olhaberrita. Placé sur le versant opposé, le xatar Jacques Etchebarne agite alors son grand drapeau blanc pour plaquer la palombe contre la forêt. Tout en ordonnant successivement aux rabatteurs perchés sur leur cabane de lancer leurs palettes pour faire plonger le vol vers les filets. Et cette fois, la technique a réussi. Il est 9 h 45 et les filets-cages de Naphal sont tombés sur les premières prises de la journée.


Seize postes de chasse. Cinq cages composent le dispositif de Naphal. Seize postes sont nécessaires pour faire fonctionner cette chasse. « Ils sont tenus par une vingtaine de chasseurs. Certains se relaient sur un même poste et il y a des remplaçants » commente Juje Bourrus, chef de chasse. En effet, ici la chasse est ouverte du 1er octobre au 15 novembre. Quarante-huit jours, en comptant les journées de préparation. Pour un bilan assez maigre cette année. Naphal n'en est qu'à un peu plus de 700 palombes. « Il y a eu un petit passage le 9 octobre mais sinon, nous ne chassons vraiment que depuis le 20 » résume Juje Bourrus, qui craint que l'année 2005 ne sera pas à marquer d'une pierre blanche. C'est que la saison avance. « En cette fin de mois, la palombe s'éloigne de plus en plus vers la côte et il en a toujours été ainsi » reprend Pette Hidondo Salaberenborda. Mais alors, pourquoi la palombe n'est-elle pas passée plus à l'est jusqu'à ce jour? « Parce qu'il n'a pas fait pas assez froid et que rien ne les pressait » pense ce dernier.


Une palombe par mois. Béret vissé sur la tête, Pette Hidondo Salaberenborda chasse à Naphal depuis 1961. Avec trente-deux saisons au poste-clé de xatar principal. « Il y a eu de belles années. En 1973, nous étions arrivés à 5 600 palombes » se souvient-il. Selon les spécialistes, seulement 1% des palombes traquées sont prises à Naphal. « Nous gardons les plus jolies vivantes pour les vendre comme appelants. Ensuite, nous privilégions les restaurants du coin, nos chasseurs et les habitants de la commune », ajoute Juje Bourrus. Autant dire que pour les autres, acheter des palombes à Naphal relève de l'exploit. A quelques exceptions près. « Un couple de clients fidèles de Pontonx est venu nous voir l'autre jour. Lui a 84 ans et elle 82. Ils voulaient douze palombes pour pouvoir en manger une par mois. Je n'ai pu lui en vendre que six » regrette le chef de chasse.