Chasse : les cols basques ne s'arrachent plus

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La location des cols de chasse est en forte baisse (- 18 %). Mis en œuvre samedi, un nouveau système d'attribution par offres sous pli fermé a été mis en place

 > voir le fichier avec la liste des cols de chasse iraty loués

Jean-Pierre Mirande a invité les chasseurs qui n'ont pas obtenu de postes à reprendre contact avec la commission. © Jean-Louis Belhartzl 39 cabanes ont été attribuées pour 10 881 € et 18 cols pour 127 288 €. Un total de 138 169 € inférieur de 18 % aux mêmes attributions en 2009. l Principaux cols attribués : Odixareko phasia (Bordenave, Bayonne, 12 650 €), Millagate A (Deschmardin, Mérignac, 3 500 €), Ugatze Pea (Pannier, Villeneuve-Tolosan, 9 037 €), Andoxe (Gamaury, Mourenx, 16 050 €), Burdinolatze (Bidegain, Serres-Castet, 31 000 €), Zunphudia (Pierre Ripoll, Urrugne, 28 500 €). l Non attribués : Tharta (prix de retrait de la 2e lecture : 4 500 €), Sensibil (7 000 €), Ilharé Murru (5 000 €), Millagate B (10 000 €), Burkhegi gagna (8 000 €), Ugatze gagna (5 000 €), Beskoy (7 500 €). l Chasse à l'affût : la seule cabane des Arbailles n'ayant pas été attribuée, le secteur sera consacré aux chasseurs volants.

 

"Ce n'est pas la chasse qui importe, dit-il, c'est le Pays basque,l'amitié ; on est là pour vivre des moments formidables dans un paysbéni des dieux ! » Il est heureux, Georgy Bidegain : pour 31 000 eurospar an, l'ex-industriel souletin bien connu a acquis samedi le droit dechasser la palombe au vol au col de Burdin Olatze pour les trois annéesqui viennent.

Burdin Olatze. Un petit coin de paradis vert niché au-dessus d'Ahusky, entre Soule et basse Navarre. M. Bidegain, qui acquittera le plus gros loyer pour un col à la Commission syndicale du pays de Soule, reprend entièrement l'équipe des 24 fusils qui chassaient avec son prédécesseur, Jean Ravonneaux, un Haut-Pyrénéen maître des lieux depuis 1988, à deux exceptions près.

« Il m'a passé le relais », dit élégamment Georgy Bidegain, qui ne tarit pas d'éloges sur la « très bonne équipe basco-béarnaise » attachée à ce col parmi les plus réputés du Pays basque. À charge pour le nouveau locataire de s'arranger avec ses « actionnaires » chasseurs.

Burdin Olatze s'était loué 34 750 euros en 2009, 30 750 en 2006, 27 250 en 2003. Ce qui en fait le prix, explique Jean-Pierre Mirande, dit « Pepela », président (on dit plus ordinairement « syndic ») de la Commission syndicale, c'est sa régularité et le fait qu'il est le point de passage le plus tempéré, à environ 950 mètres d'altitude.

Combien, bon an, mal an, y tue-t-on de palombes ? Jean Ravonneaux fait mine de réfléchir intensément avant de répondre : « Quelques-unes »…

Renseignement pris auprès d'un connaisseur : « Burdin Olatze est un col à 600-700 palombes. » Mais considérer que l'oiseau bleu est, là, à un prix unitaire prohibitif serait raisonner en totale méconnaissance de la psychologie du chasseur, « qui vit toujours d'espoir », rappelle Jean-Pierre Mirande.

Moins de passages

L'arbre de Burdin Olatze ne doit pas cacher la forêt d'Iraty… Les passages de palombes ne sont plus ce qu'ils étaient. Preuve est faite que le migrateur qui enfièvre les Pyrénéens passe de plus en plus à l'ouest à la saison où roussit le feuillage de la plus grande hêtraie d'Europe.

Résultat : la location des cols de chasse… bat de l'aile. Elle qui couvrait, il y a une quinzaine d'années, le tiers des dépenses de fonctionnement de la Commission syndicale du pays de Soule (1) n'en représente plus qu'entre 20 et 25 %.

D'ailleurs, certains pensaient que la salle paroissiale de Mauléon serait un peu vide, samedi matin, vu la nouvelle formule de dévolution des cols de chasse par la Commission syndicale.

Ils avaient tort : plus de 200 chasseurs se sont pressés à cette grand-messe triennale par laquelle sont attribuées les places plus ou moins convoitées, louées de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Jusqu'en 2009, une fois tous les trois ans donc, tout se passait aux enchères descendantes. Mais, pour prévenir un effondrement de l'offre, après deux années « catastrophiques » aux yeux de tous, la collectivité a pris les devants en instituant cette année le dépôt des offres sous pli fermé.

Le nouveau système a eu un effet « prime au sortant ». Comme pour Zunphudia, cher à l'industriel de Mauléon Pierre Ripoll, qui l'a obtenu pour 28 500 euros (37 000 euros en 2009), les cols ont souvent été réattribués aux mêmes équipes, avec un rabais sur le prix.

32 cols étaient mis en location par la Commission samedi, chacun assorti d'un prix de retrait fixé le matin, à l'insu des soumissionnaires. Au terme des deux séances de lecture des offres, outre 38 cabanes privées louées pour 10 880 euros, 18 cols ont été attribués, pour un montant de loyers annuels de 127 000 euros. Une somme en retrait de 18 % par rapport à 2009, au même stade de la procédure.

Sept cols en souffrance

Il n'y a pas eu d'amateurs pour tout le secteur d'Iraty. Mais une troisième séance aura lieu d'ici à la fin mai. Jean-Pierre Mirande a bon espoir que plusieurs autres places de chasse trouveront alors preneur.

Cependant, sept cols pourraient rester en souffrance, certains d'entre eux ne suscitant plus de candidatures depuis de nombreuses années. La baisse du produit de la location des cols s'établira au final autour de 20 %.

« On a limité la casse », résumait M. Mirande au terme des opérations. La collectivité souletine, pour laquelle la chasse et les activités de loisirs « nature » sont le deuxième grand volet derrière le pastoralisme, veut désormais favoriser l'intégration de jeunes chasseurs : « J'espère que les palombes, à un moment donné, finiront par nous donner raison. »