Sare-Exalar-pantieresLes palombes sont au rendez-vous sur les hauts de Sare et d'Exalar

  • Imprimer

SARE. Les palombes sont au rendez-vous sur les hauts de Sare et d'Exalar. La chasse s'achèvera mardi prochain (C) SUDOUEST

Belle vague bleue

Voici venu le temps des palombes, migratrices comme les Basques d'antan. Les acteurs sont là : chasseurs, observateurs aux postes de comptage, visiteurs. La chasse aux pantières est ici gérée par la société Sarako Uzotegiak avec à sa tête Henri Dutournier, le président des 20 actionnaires. Sont-ils des amoureux de la chasse ou plutôt d'un art de vivre à Sare ? Ces deux aspects sont ici inséparables. Les révolutionnaires de 1793 l'avaient bien compris. Eux qui avaient changé les noms des villages pour des appellations qui devaient frapper l'imaginaire du peuple, avaient débaptisé Sare pour la renommer « Palombière » !

Une grosse préparation.

Les jeunes sociétaires ont d'abord procédé à la préparation du périmètre du site. Puis, durant deux samedis de septembre, ils ont assuré la maintenance et la remise en état des installations : tours, cabanes, filets, câbles, poulies, camouflage. Six filets obliques, dressés vers le ciel et supportés par des mâts, barrent alors, sur une dizaine de mètres de hauteur, un petit espace d'un col de Sare, vers les hauteurs de Saiberri. À leur pied sont dissimulés les filetiers prêts à entraîner vers le sol ces filets, alourdis de masses aux extrémités, à l'aide de câbles et de leviers.

Lorsque le vol est signalé et se dessine très haut sur l'horizon, les mouvements de xatar effraient et canalisent les palombes vers le sommet du col. À quelques encablures des pantières, elles pourraient encore poursuivre leur course, jusqu'à ce que du haut d'une tour de pierre ou d'un pylône un dernier rabatteur vienne lancer la palette peinte en blanc (karrotea), reflet d'une attaque d'épervier. Les palombes piquent alors quelquefois vers le sol et certaines, dans leur vol en rase-mottes, s'engouffrent vers les filets. Le son bref du « ttuttu » retentit, les coups de feu claquent vers les fuyardes, les hommes au tablier bleu débarrassent les prisonnières des filets.

Cette année, ce sont 14 chasseurs, rémunérés par la société, qui oeuvrent, quoique qu'il arrive ou n'arrive pas, pendant 30 jours, dans leurs différentes spécialités : trapari, abatari, etc. L'ouverture a eu lieu le 11 octobre et la clôture est fixée au 11 novembre.

De vrais aficionados.

Ce 25 octobre là, les vagues bleues, tant espérées l'an passé, se sont manifestées pour la Saint-Luc, bien trop haut pour être chassées. Il y a eu quelques prises tout de même contrairement aux autres années. Par des vents trop forts, les palombes ont tendance à lécher les flancs de la montagne au lieu de franchir les cols, pour aller longer la côte et s'en retourner parfois pour hiverner dans les plaines landaises. Même si le nombre de prises n'est plus ce qu'il a été, cette passion réunit chaque année, sur les dix sites du Pays Basque français et espagnol, des aficionados dont le mérite est de transmettre cette forme de patrimoine.

Ils se réunissent d'ailleurs chaque année à tour de rôle sur l'un des sites pour échanger leurs expériences.