Passent les palombes

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SARE.-- Avec les chasseurs sur les hauteurs de Sare-Exalar

La saison s'achève, après de nombreux passages de palombes (Urzoak) et des vols plus ou moins accessibles aux chasseurs. La palombe est signe d'automne, migratrice comme les Basques avec le vent du sud. La technique de chasse n'a semble-t-il pas évolué depuis les Romains (les pantières de Sare existaient sous Henri IV) et les hommes sont toujours là pour perpétuer cette tradition. Quelques paires de filets obliques, dressés entre de grands hêtres et supportés par des mâts, barrent sur une dizaine de mètres de hauteur et quelques dizaines de largeur un petit espace sur les hauts d'un col de Sare et d'Echalar. A leur pied sont dissimulés les « filetiers » prêts à entraîner vers le sol les filets, alourdis aux extrémités, à l'aide de câbles et de leviers. 
Lorsque la vague bleue est signalée et se dessine très haut sur l'horizon, lorsqu'elle palpite et scintille dans la vallée, les cris des rabatteurs disséminés sur leur parcours retentissent, les mouvements de Xatar effraient et guident les palombes vers le sommet du col. A quelques encablures des pantières, encore hautes dans le ciel elles pourraient encore poursuivre leur course jusqu'à ce que du haut d'une tour de pierre ou d'un pylône un dernier rabatteur vienne projeter la palette blanche (appelé karrotea) synonyme de l'attaque d'épervier. 
Les palombes piquent alors vers le sol, dans un bruissement de plumes et certaines, dans leur vol en rase-motte, s'engouffrent dans les filets. Le son bref du ttuttu retentit à nouveau, les coups de feu claquent vers les fuyardes, les hommes au tablier débarrassent les prisonnières des filets tandis qu'il faut redresser les filets car un autre vol vient d'être signalé. 


Scores. Le temps, les habitudes alimentaires des palombes, le nombre de chasseurs ont changé. Elles recherchent maintenant le grain de maïs des plaines landaises et aussi les glands des chênaies dans nos montagnes. Mais éventuellement elles s'en reviennent après un premier passage de la frontière pour hiverner dans le Sud-Ouest. 
Le bilan ? Les plus anciens se souviennent de scores historiques, d'un marqueur-compteur de douzaines. Mais le nombre de prises n'est plus ce qu'il a été. Faut-il parler de bilan pour une passion qui réunit chaque année, sur les quelques sites restants du Pays Basque, des aficionados dont le mérite est aussi de faire perdurer une tradition si ancienne.