Chasse à la palombe : une saison bleue parmi les plus mauvaises depuis 1999

Une année médiocre, la montagne sinistrée... C'est le bilan de la saison bleue, qui reste l'une des plus mauvaises depuis 1999. La fédération planche sur la réalisation de zones dortoirs.

Depuis les comptages institués en 1999, cette saison de chasse à la palombe est l'une des plus mauvaises ». Le commentaire du patron de la commission « migrateurs » de la fédération départementale, Michel Aso, rejoint le plaisant constat d'un vétéran paloumayre de Monein, rapporté par le président Bernard Placé : « Annade de glanère, annade de caguère ». Chacun traduira aisément...

Arnaud Fontaine, le spécialiste de la belle bleue dans les instances fédérales, note pourtant une migration « relativement correcte ». Les compteurs ont enregistré quelque 1,6 million de belles bleues qui sont passées à l'ouest d'une ligne de Salies à Sare. Tout le reste est sinistré.

Un bémol toutefois : dans les palombières les migratrices ont bien répondu à la pose. Ce qui fait qu'en chassant moins, des cabanes ont compensé la disette. Mais les vents dominants au sud-ouest ont troublé la fête.

Disette en Béarn et en Soule

Sur tout le secteur béarnais, c'est médiocre. On relève une révision à la baisse de moitié des prises par rapport à la moyenne de ces dernières années. La Soule n'a pas été plus gâtée et si la Côte basque a vu de la palombe, les vols passaient très vite et très haut. Les zones les plus favorisées, selon le technicien, se situent au nord-est des Landes et au sud-est de la Gironde. Elles ont été irriguées par des vagues bleues pendant une dizaine de jours. Samedi, à la faveur d'un fort vent du sud, environ 40 000 palombes ont défilé à Urrugne.

En fait, le capricieux oiseau dont des populations sont encore cantonnées dans le nord et le centre de la France, ne daignera bouger que si un anticyclone avec des gelées et des vents de nord-nord-est lui souffle dans les ailes. Les ressources alimentaires sont abondantes, notamment en glands et faines un peu partout. Un phénomène particulier avait été observé l'an dernier. Les comptages n'avaient recensé que 1,3 million de becs. Un million de plus était passé entre le 16 et le 18 novembre. « Ce qui montre l'importance des fenêtres météo et de la nourriture pour les migrateurs ».

Un projet de création de dortoirs à palombe

Arnaud Fontaine tord le cou à l'idée répandue que la migration se transforme. « Quand elles n'ont plus rien à manger avant les Pyrénées, les palombes reviennent comme en 2006 en montagne ». Il ne faut pas croire non plus, selon l'observateur, que c'est exclusivement le maïs landais qui les retient. Elles préfèrent glaner, car elles sont plus en sécurité dans les bois qu'à découvert.

Cette constatation, vérifiée à nouveau cette saison où la récolte du maïs a été plus précoce, fait germer dans la tête de la fédération des chasseurs un grand projet. Il est inspiré des dortoirs forestiers landais où stationnent des centaines de milliers de palombes, dans un triangle allant de Mont-de-Marsan à Captieux en passant par Barcelonne-du-Gers. Comme l'explique le président fédéral, Bernard Placé, « il convient tout d'abord de cartographier l'existant. Et de réfléchir comme on l'a fait pour matérialiser les aires de repos de la bécasse ».

En clair, établir un état des lieux et transformer 10 % des espaces forestiers les plus accueillants, ainsi que des zones maïsicoles, en réserves et garde-manger pour les palombes. L'avenir de la chasse passe par cette opération séduction adressée aux colombidés. À suivre.

1,6 million de belles bleues sont passées à l'ouest d'une ligne de Salies à Sare. Tout le reste est sinistré.

>> Plus de 800 000 doivent passer

Bilan de la saison arrêtée au 9 novembre sur les zones de comptages du Pays Basque. Arnéguy : 103 723 en 5 121 vols (2 714 en retour). Banca : 132 134 en 629 vols (6 940 en retour). Sare : 366 186 en 719 vols (2 238 en retour). Urrugne : 415 182 en 575 vols (51 167 en retour).

Sur une observation estimée de 2 millions d'oiseaux bleus à la saison pour une migration avoisinant les 4 millions, on peut en déduire qu'il manque au compteur plus de 800 000 palombes. Les deux pics migratoires (vent nord-est) : 460 000 le 21 octobre. Second temps fort : 230 000 le 28 octobre. Les vols, le reste du temps contrariés par des dominantes d'ouest, ont pris la tangente vers l'océan. Pas de grosses concentrations signalées dans le nord-est du département pour l'hivernage.

Source Jacques CAUBET la république des Pyrénées