Palombes: montée aux filets des Aldudes

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Quand la palombe monte aux filets des Aldudes, c'est une famille et tout un village qui se mettent à l'heure bleue !

Aux Aldudes, village de quelque 200 âmes niché au creux de collines abruptes à la frontière navarraise - Pampelune n'est qu'à 28 km -, on mesure tout à vol d'oiseaux. Parce que, hormis les brebis et les paloumayres, il n'y a que les palombes qui franchissent le port de Lepheder (prononcer « Lépédère »), ce qui signifie en basque « le joli col ». Une fausse verticale face nord-nord-est pour funambules. Séquence frissons.

Lundi, au lever du jour, toute l'équipe était sur le pont pour les premiers chalutages de la saison. Pas de grands scores, mais des montées d'adrénaline aux filets, de la chair de poule et des plumes hérissées. Du bonheur pur jus pour le chef de chasse, Pierre Ospital et toute sa troupe. Chacun est à son poste : les six abataris, lanceurs de palettes blanches, imitant l'épervier prédateur qui font plonger les vols en piqué du mamelon d'Harri Beltz jusqu'à Meaka ; dans le même temps, sur Esponda, Herrikoa et autres cabanes, cinq xatarlaris, rabatteurs munis de drapeaux blancs qu'ils font claquer comme des coups de fouet, crient à gorge déployée des « Ha-Hia ! » gutturaux pour orienter les vols vers Lepheder où sont tendues cinq pantières.

120 km/h dans l'entonnoir

Ce sont les coups de sifflet du chorégraphe en chef qui alertent les cinq filetiers (saretakoak), lesquels libèrent comme des nasses les chaluts tendus sur les palombes déboulant dans un fracas de plumes à 120 km/h dans l'entonnoir. Les oiseaux bleus sont immédiatement vendangés dans les amples chamarres des chas-seurs. Et les pièges redressés aussitôt pour de nouvelles volées.

Des femmes aux manettes

Mercredi, la pluie gomme la vallée. Vraiment pas un temps à mettre en vadrouille une bleue autochtone. Les filets font relâche. « La palombière en verra d'autres », philosophe Philippe Lafourcade. L'ancien haut cadre de Danone est un des descendants de l'arrière- grand-père, Aniceto Ospital, qui a créé cette chasse en 1906. Le bail emphytéotique (99 ans) a été resigné en 2005.

L'association, qui gère ce plaisir d'automne d'une grande famille de passionnés, de génération en génération, est présidée par une femme, Katixa, fille du chef de cette joyeuse bande d'aiguilleurs du ciel, Pierre, ancien photographe. Elle-même est xatarlari. « C'est la seule femme au monde à occuper ce poste », s'en-thousiasme celui-ci. La chasse aux filets n'est autorisée que sur dix cols du Pays Basque. Comme à Lepheder, il n'y a qu'à Etxalar, côté péninsule, que trois dames filetières ont été recrutées. Cette tradition est ouverte aux villageois des deux sexes. Le cousin, Jacques Ospital, ex-directeur de la Béar-naise à Pau, en témoigne : « Nous entretenons le patrimoine mais cette chasse est celle du village. »

Les anecdotes fusent. Les périodes euphoriques sont terminées. Les filets avaient chaluté en 1947 jusqu'à 7 300 palombes. La moyenne annuelle est tombée à 500. On évoque les moines de Roncevaux qui utilisaient cette technique de chasse datant de l'Egypte ancienne.

La partie de muss va commencer, après le casse-croûte. Pendant la guerre, les parents planquaient les fusils sous le plancher du kayolar. C'est dire si les enfants ont appris depuis belle lurette à résister !

 

===> Bécasse : la fédé 64 à l'honneur

« Le travail des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques est reconnu, notamment sur le baguage des bécasses et la gestion de la vague de froid de ces deux dernières années où, pour protéger l'espèce fragilisée, nous avions décidé la fermeture provisoire de cette chasse. » Le président Bernard Placé a précisé que la fédération a été distinguée au colloque de Rodez, mardi, et avec elle les responsables de la commission migrateurs, Michel Aso et René Saint-Jean, par l'Office national de la chasse, les Bécassiers de France et le Club des Bécassiers. Le département arrive en seconde position dans l'Hexagone avec 365 baguages.

 

===> Le vent d'ouest retarde le passage de la belle bleue

Le premier pic migratoire attendu du 10 au 15 octobre, décalé autour de la Saint-Luc, lundi, n'a pas été prometteur. Une dominante nord-ouest perturbe les vols qui passent par l'océan. Selon le président fédéral des chasseurs, Bernard Placé, les palombes qui commençaient de garnir les réservoirs d'hivernage ont balayé d'un coup d'aile les espoirs des paloumayres. 120 000 oiseaux ont pris, à l'heure de « Lou Gran Truc », la tangente par le littoral pour rejoindre l'Espagne. Le ciel qui s'est dégagé mardi, en revanche, est resté pratiquement vide. Le second pic, prévu entre le 20 et le 24, aurait dû s'annoncer substantiel. Mais le gros passage d'hier - environ 500 000 - a préféré encore la bordure maritime.

Les filets bricolent

Odixar, l'un des cols mythiques du Pays Basque, n'avait pas encore ouvert le score en début de semaine. Sur les autres postes de tir au vol, les prises enregistrées par les plus chanceux étaient inférieures à la centaine, d'Iraty à la Haute Soule, dans une fourchette optimale estimée entre 10 à 80. L'attente est la même du côté des filets. Qui bricolent. Lanne table sur un déclanchement imminent.

Les plumes ne sont guère légion dans les palombières longeant les axes migratoires (Oloron, Monein, Salies, Sauveterre...). Les vents du nord de début de saison ont surtout poussé des rouquets. Le réchauffement attendu en cette fin de semaine pourrait être plus favorable.

Beaucoup de grives

La culture du maïs a modifié les couloirs. Depuis 10 ans, le bel oiseau bleu a transporté ses quartiers migratoires d'automne sur le golfe de Gascogne. Les cabanes se rabattent de plus en plus sur les dortoirs d'hivernage en décalant la chasse d'octobre à novembre. La fameuse clé du temps du 27 septembre, censée donner la tendance des vents pour les trois mois à venir, affichait un nord-nord-ouest. On sait que l'ouest est calamiteux. Si l'on note d'importants passages de grives musiciennes, l'abondance de faînes et glands peut laisser espérer de la plume bleue.

Pour l'anecdote, un chasseur béarnais de Bassercles a effectué une prise jugée plutôt rare dans le Sud-Ouest. Il s'agit d'un pigeon de Guinée roux à l'oeil rouge. Renseignement pris, l'inso-lite colombidé poil de carotte a été capturé et identifié avant l'apéro !

Par Jacques Caubet