Palombes : Pas même le petit truc

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CHASSE. La Saint-Luc fait partie du calendrier du paloumayre. La légende veut qu'elle soit jour de grand passage de migrateurs. Pas hier

Palombes : Pas même le « petit truc »

A la Saint-Luc, « le grand truc », fait rimer le dicton. Le 18 octobre est une date cochée sur le calendrier du paloumayre. Il promet le grand déballage d'automne, un ciel envahi, bleui de migrateurs, la déferlante, la bousculade précipitée vers le sud, une tempête de palombes à ne plus savoir où donner de la tête et de l'appeau. Mais, hier, patatruc ! Pas même le petit truc. Saint Luc regardait ailleurs (lire notre comptage ci-dessous).

Quelques palombes du côté de Cazaubon (Gers) chez Roland, qui, déterminé, a presque réussi à effacer les stigmates de la tempête de janvier dernier. Son installation était à terre, éventrée, balayée, par le souffle de Klaus. Des amis l'ont aidé à reconstruire en un temps record, grâce au système D et à une belle motivation. Un poste d'observation, des tunnels tressés de fougères et couverts de mousse, des appeaux. Le strict nécessaire. Suffisant pour un nouveau départ.

« Ce n'est pas énorme, ce qui passe. Quelques sédentaires qui courent les chênes d'un bosquet à l'autre », souligne-t-il d'un soupir. Du fait du beau temps qui s'est attardé cette année, le mouvement migratoire a été tardif. « Dès que la température a baissé, la semaine dernière, on a vu débarquer des milliers de grues, des grives. Une perturbation arrive, ça va bien finir par se débloquer. La saison n'est pas lancée. »

« Grand bleu, grand vide »

« Évidemment, les palombes n'ont pas de calendrier », sourit Jean-Claude depuis Pressignac-Vicq (Dordogne). « Mais, à la saison qu'on est, ça aurait pu être un beau passage. Logiquement, avec un vent de nord qui les pousse et les gelées qu'on a depuis trois ou quatre matins, elles auraient dû passer. Il y a juste eu quelques petits vols ce matin. Minable. C'est très bizarre, cette année », commente le paloumayre.

Fausse alerte en matinée, hier en Duraquois, où Rémi fait le guet depuis sa cabane vissée à la pointe des arbres. Un petit vol en annonçait d'autres plus fournis. « Mais non. » Il a eu beau s'abîmer les yeux à force de scruter un ciel immobile, rien n'y a fait. « Grand bleu, grand vide », résument Antoine et Bernard à Saint-Martin-Curton (Lot-et-Garonne). Ces amis et frères de palombes n'ont... rien vu, hier, dans leur palombière nichée au creux des bois. Attentifs, concentrés, gonflés d'espoir le matin, ils ont fini par abandonner à midi, préférant se régaler d'un lièvre farci à la broche avec des amis. C'est aussi ça, la chasse à la palombe.

Les seuls à avoir vu des oiseaux par milliers étaient les compteurs et chasseurs postés aux cols pyrénéens. Mais le moral des paloumayres n'a pas pour autant pris du plomb dans l'aile. « Un changement de temps est annoncé mercredi », se remotive Bernard.

« Il n'en est pas encore passé 70 000 en tout », remarque le président du Gifs, le Groupe d'investigation sur la faune sauvage. On est loin du million et demi d'oiseaux ou presque observés la saison passée, en deux jours, autour de la Saint-Luc (qui fut mémorable). « Mais quand ça va débouler, ça va débouler », promet Roland. Aucune migration ne ressemble à une autre, « et c'est cette incertitude qui fait le charme de la chasse à la palombe ».

Auteur : Florence Moreau
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(c) Sudouest