Les palombes arrivent

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MIGRATIONS. --Les compteurs de palombes sont à leur poste et attendent les premières vagues d'oiseaux sur notre région 

C'est reparti. Les premiers pigeons colombins et les premières volées de pigeons ramiers ont commencé à survoler le Sud-Ouest, comme les grives musiciennes et les pinsons, éclaireurs traditionnels de la migration. Pendant plus d'un mois, des centaines de milliers d'oiseaux vont ainsi passer sur notre région pour rejoindre leurs sites d'hivernage. Dans la péninsule Ibérique pour les palombes, les oies et les grues, par exemple. Mais aussi parfois jusqu'en Afrique pour certaines espèces comme les canards. 
Le grand exode vers le sud a commencé et, pendant toute sa durée, vous serez nombreux à observer ces formidables voyageurs défilant au-dessus de nos têtes. Pour mieux suivre la migration des palombes, véritable évènement de l'automne dans notre région, nous vous proposons comme chaque année notre tableau de comptages quotidiens, permettant de mieux comprendre la progression des oiseaux. 



Jusqu'au 11 novembre. Nos compteurs paloumayres sont à leur poste dès à présent, de la Dordogne aux cols du haut Béarn, et les techniciens cynégétiques travaillant pour le GIFS France (Groupe d'investigations sur la faune sauvage) dans les goulets pyrénéens à Arnéguy, Banca, Sare et Urrugne, commenceront leurs observations à partir de lundi prochain. Tous les comptages se poursuivront jusqu'au samedi 11 novembre, tant il devient de plus en plus fréquent d'assister à de gros passages sur la chaîne pyrénéenne au début du mois de novembre. 
Cela avait été le cas la saison dernière avec deux énormes « déballages » de 500 000 oiseaux chacun, les 3 et 6 novembre. On se souvient que les palombes avaient été longtemps bloquées par de violents vents de sud les empêchant de franchir les cols et les repoussant vers l'extrémité ouest de la chaîne, jusque sur l'Océan. Une majorité d'entre elles avaient donc reflué dans un premier temps vers les Landes et avaient attendu que la tempête se calme avant de foncer tardivement vers l'Espagne. Les autres étaient passées malgré tout, mais souvent en coupant sur l'eau au-dessus du fond du golfe de Gascogne, ce qui les rendait invisibles. 


Trois grandes vagues en 2005. On s'était ainsi aperçu à l'occasion des comptages réalisés en Espagne et au Portugal, pendant l'hivernage cette fois, que de très nombreuses palombes n'avaient pas été recensées par les compteurs placés sur la chaîne pyrénéenne. Cela avait été la bonne surprise de la saison avec près de 4 millions de pigeons ramiers retrouvés dans la péninsule Ibérique, contre 2 millions seulement observés au passage des cols.
Pour le reste, excepté les deux rushes de début novembre, la migration 2005 s'était déroulée en trois grandes vagues. La première était passée assez tôt, entre le 8 et le 12 octobre; la deuxième, entre le 14 et le 17, et la troisième, entre le 24 et le 28. Pour une fois, et ce en raison des vents de sud, sud-est, le couloir central avait été légèrement moins bien fourni. A l'inverse, le littoral atlantique et l'axe oriental avaient été mieux approvisionnés. 
Comme toujours, ce sont les vents et les conditions météorologiques qui donneront le tempo de la migration en 2006. Une migration qui a peu de chances de ressembler à la précédente. C'est ce qui en fait tout le charme. 

Des balises Argos riches d'enseignement 

 

 

 

Dans le cadre des passionnants travaux d'études sur la migration menés par le GIFS France, huit palombes hivernant dans le Sud-Ouest avaient été équipées de balises Argos maintenues à l'aide d'un harnais. Ces balises ont permis de constater que ces palombes avaient passé l'hiver chez nous sur un secteur assez réduit et n'étaient pas reparties sur leurs zones de reproduction avant le début du mois de mars. Une seule d'entre elles est remontée jusqu'en Finlande, les autres s'arrêtant plus bas en Allemagne, en Pologne ou en République tchèque. Ce qui confirmerait que les populations hivernant dans le Sud-Ouest sont essentiellement des moyennes migratrices. 
L'opération a également permis de constater que les palombes parcouraient en moyenne 78 kilomètres par jour et s'offraient plusieurs haltes migratoires sur l'ensemble du voyage. Un voyage se terminant au plus tard le 30 avril.

Pierre Verdet - Sudouest