Rush sur l'autoroute des palombes

  • Imprimer

Le nombre d'oiseaux ayant franchi la chaîne pyrénéenne demeure stable. Deux énormes journées, les 18 et 21 octobre, resteront dans les mémoires de nombreux paloumayres

On ne le répétera jamais assez : aucune migration ne ressemble à une autre. C'est sans doute ce qui alimente pour une bonne part la passion de tous ceux qui, dans notre région, restent pendant un mois plantés le nez en l'air, les yeux braqués sur la ligne d'horizon, dans l'attente des vols bleus. 
En 2003, en raison de la canicule sans doute, le passage ne s'était amorcé qu'après le 11 octobre. Evidemmment, cette année, des pigeons colombins, devenant rouquets sur nos terres, mais aussi des palombes sont arrivés dès le début du mois. 
Pour ajouter encore à l'originalité de la saison, après avoir boudé pendant plusieurs années la Haute Soule pour glisser quasi systématiquement vers l'ouest de la chaîne, de nombreux vols sont à nouveau montés vers les grands cols du secteur d'Iraty. 
Même les vallées d'Aspe et d'Ossau ont été bien alimentées, ce qui était devenu rare. Le fait que les vents de sud, sud-est aient souvent soufflé cette saison n'est sans doute pas étranger au phénomène, comme l'abondance des faines en montagne. Ainsi les oiseaux ont parfois tourné pendant plusieurs jours sur les hêtraies, ce qui ne s'était pas vu depuis de nombreuses années. 


Quelle Saint-Luc ! Curieusement, alors qu'il passait des palombes depuis les premiers jours d'octobre en Haute Soule, il a fallu attendre le 18 octobre pour voir la migration démarrer vraiment sur le Pays basque. 
On se souviendra d'ailleurs longtemps de cette Saint-Luc 2004, notamment en Dordogne, dans le désormais célèbre couloir central s'ouvrant entre Terrasson et Périgueux, puis descendant entre l'est de la Gironde et l'ouest du Lot-et-Garonne pour se poursuivre sur le centre des Landes, direction le Pays basque via la Chalosse. 
Un couloir qui, une nouvelle fois, a été superbement alimenté, pendant que sur les bords de la grande rivière le niveau continuait de baisser, comme en attestent les comptages du Gers et de Biscarrosse (pour les résultats complets du comptage des palombes, lire le tableau en page 9). 
Le 18 octobre, c'est donc à un véritable déferlement d'oiseaux, regroupés dans d'énormes vols défilant à des hauteurs considérables, que les privilégiés du fameux couloir ont assisté. 
Certes, le mauvais temps avait bloqué le passage pendant quatre jours, mais ce rush phénoménal aurait été provoqué, selon les ornithologues, par un petit coup de froid venant de frapper le nord de l'Europe. Un rafraîchissement qui expliquerait également l'arrivée précoce des grives mauvis, des premières grues, puis de nombreuses alouettes . 
Après une interruption de deux jours, un nouveau « déballage » se produisait le 21 octobre avec encore des vols énormes, passant encore très haut au moins le premier jour. C'est ainsi que les compteurs de la LPO installés sur le site de Saint-Mayme-de-Péreyrol, entre Vergt et Villamblard, en Dordogne, observèrent pas moins de 91 000 palombes le seul 21 octobre. 


Populations stables. Ce gros passage allait se poursuivre, mais avec un peu moins d'intensité, jusqu'au lundi 25 inclus. Puis le calme revint, si l'on excepte quelques belles petites journées entre le 30 octobre et le 2 novembre. 
La migration 2004 restera donc marquée par ces deux énormes rushs vers le Sud sur ce que l'on surnomme désormais l'autoroute des palombes. 
Le résultat des comptages « Sud-Ouest » réalisés à Pressignac (24) illustre d'ailleurs parfaitement cette saison. Avec 50 860 palombes observées par ce paloumayre, on obtient 138 oiseaux par vol si l'on fait une moyenne sur les 367 comptabilisés, ce qui est considérable. 
Par exemple, la saison précédente, au même endroit, la taille moyenne des vols n'était que de 75 oiseaux. A Grignols, dans les Landes girondines, les vols sont également passés de 67 oiseaux en 2003 à 90 en 2004, preuve supplémentaire de ces déboulés massifs. 
Au final, si l'on s'en tient aux comptages effectués par les techniciens des fédérations de chasseurs du Sud-Ouest pour le Giifs (Groupe d'investigation sur la faune sauvage) au Pays basque, ajoutés à ceux réalisés en Haute Soule, ce sont plus de 1 800 000 palombes qui ont franchi la chaîne pyrénéenne cette saison pour aller hiverner dans la péninsule Ibérique. 
Si on tient compte du fait que les comptages dans les Pyrénées n'ont commencé que le 16 octobre, alors que le passage avait démarré plus tôt, le chiffre habituel de 2 millions d'oiseaux passant la montagne a dû encore être atteint cette saison, ce qui est rassurant pour la famille transpyrénéenne dont les effectifs restent stables.